Découverte des spécialités corses dans une trattoria confidentielle

Découverte des spécialités corses dans une trattoria confidentielle

Planqué entre République et le Marais, un petit bistrot sans enseigne tape dans l’œil des flâneurs affûtés : tables boisées, lampes rétro, odeurs de charcuterie chaude et de vin capiteux… Bienvenue chez Trattoria Corsica, une cantine 100% île de Beauté, emmenée par deux amis insulaires expatriés à Paris avec une mission simple : faire rayonner leur terroir dans les assiettes. Certes, ce n’est pas tout à fait une trattoria italienne au sens strict du terme, mais l’esprit y est : convivial, généreux et délicatement décalé.

Un repaire confidentiel… pour les palais avertis

Ici, pas de grande enseigne lumineuse, ni de façade tapageuse. L’adresse circule presque sous le manteau parmi les amateurs de cuisines régionales authentiques. Lovée dans une rue peu passante du IIIe arrondissement (adresse communiquée uniquement sur réservation), la Trattoria Corsica se découvre comme un secret bien gardé — et se mérite. Mieux vaut réserver longtemps à l’avance, surtout les soirs de fin de semaine. À l’intérieur, quelques tables seulement, disposées à touche-touche. L’ambiance ? Familiale, mais pas bruyante. Et surtout : tout le monde vient pour manger sérieusement.

Une carte courte, sincère et pleine de caractère

Chez Trattoria Corsica, pas de menu à rallonge. La carte change tous les quinze jours, au gré des arrivages du village familial de Speloncato et des recettes transmises par les mammas. Trois entrées, trois plats, deux desserts. Point final. Mais quelle sélection.

En entrée, on craque pour la classique assiette de charcuteries corses : coppa, lonzu, prisuttu — trois classiques affinés sur l’île et tranchés minute. Accompagnés de tranches de pain au levain toasté et de confiture de figues maison. Une alternative végétarienne ? Oui, et pas des moindres : beignets de courgette à la menthe, délicats, croustillants, imbibés d’huile d’olive fruitée.

Côté plats, le cœur bat fort pour un surprenant veau tigre — cuisiné longuement en daube, relevé au myrte, et servi avec du fiadone salé râpé (oui, du fiadone version salée, comme un grana padano corse !). Autre plat signature : les cannelloni à la brousse, classiques mais parfaits, nappés d’un coulis de tomate fraîche au basilic sauvage.

Un service comme à la maison, mais plus pro

Pas de costume-cravate ici. En salle, ce sont les deux fondateurs — Stéphane et Romuald — qui assurent eux-mêmes le service. Entre deux assiettes, ils racontent volontiers les anecdotes familiales derrière leurs recettes, ou comment ils ont fait venir cette tomme directement de la bergerie de tonton Michel. Le ton est bon enfant, mais l’efficacité est redoutable : verre jamais vide, pain qui arrive au bon moment, conseils avisés sur les vins corses (à ne surtout pas sous-estimer).

Focus sur les incontournables : trois spécialités corses qui créent l’effet « wow »

Chaque plat a son charme, mais trois merveilles provoquent systématiquement des exclamations enthousiastes à chaque service :

  • Le figatellu grillé minute – ce saucisson de foie, emblématique de l’hiver corse, est servi ici légèrement rosé et caramélisé sur une purée de pois chiches au citron confit. Osé et parfaitement équilibré.
  • Les migliacci – petites galettes fermentées au brocciu, cuites à la plancha comme en Balagne. À tremper dans une huile pimentée faite maison, elles se partagent à l’arrivée avec des doigts et des soupirs.
  • Le fiadone au citron – revisité sans trahir : frais, moelleux, pas trop sucré. Il est servi tiède avec une touche de liqueur de cédrat. Le genre de dessert qui replace le fiadone au panthéon des douceurs françaises.

Vins corses : un détour par le maquis

Attention, révélation : les vins corses n’ont rien à envier à ceux du continent. Sur la petite carte de la Trattoria, une bonne dizaine de références en rouge, blanc et rosé. C’est peu, mais c’est sélectionné au cordeau. Mention spéciale pour le blanc du domaine d’Alzipratu, vif et floral, impeccable sur les beignets, et pour le rouge sanguin du Clos Canarelli, parfait compagnon des viandes en sauce.

Les amateurs seront heureux d’apprendre que tous les vins proposés à la dégustation sur place sont aussi disponibles à la vente à emporter (sur demande à la fin du repas). Une bonne manière de prolonger le voyage insulaire, verre à la main.

Budget, horaires, adresse : tout ce qu’il faut savoir

La Trattoria Corsica joue la carte de la transparence. Pas de surprises sur la note. Comptez entre 10 et 14 euros pour les entrées, de 18 à 24 euros pour les plats, et 8 euros pour les desserts. Le vin au verre démarre à 6 euros (ce que peu de restaurants parisiens peuvent encore proposer avec cette qualité).

  • Horaires : du jeudi au samedi, uniquement le soir, de 19h à 22h30 — et sur réservation uniquement via Instagram ou par mail.
  • Adresse : divulguée une fois la réservation confirmée. Une certaine idée du mystère assumé.

Pas de site web, pas de possibilité de venir à l’improviste. Ce format confidentiel contribue au charme de l’expérience : on y va pour partager un moment dense, concentré, presque sacré autour d’une table. Et on comprend vite pourquoi les habitués reviennent… et gardent l’adresse sous silence.

Un air d’île… au cœur de Paris

Dans l’océan des adresses parisiennes qui souhaitent « faire terroir », peu réussissent aussi bien le dosage entre authenticité et inventivité. La Trattoria Corsica ne prétend pas révolutionner la gastronomie insulaire. Elle fait mieux : elle la transmet, sans chichi, hors des modes, juste ce qu’il faut de générosité. Le tout porté par une équipe sincère, passionnée et fièrement enracinée.

Alors ce week-end, pourquoi ne pas troquer les traditionnels brunchs par des migliacci dorés, et votre éternel vin nature par un petit rouge de Patrimonio aux notes de maquis ? L’île est à deux stations de métro. Il suffit de savoir où chercher.