Envie d’échapper à l’agitation parisienne sans franchir le périphérique ? Il suffit parfois d’un coup de rame pour changer d’horizon. Direction le lac Daumesnil, au cœur du bois de Vincennes, où une activité discrète mais poétique reprend de plus belle avec les beaux jours : la location de barques en bois. Une micro-aventure au fil de l’eau, entre cygnes curieux, îlots verdoyants et reflets changeants. Paris, comme vous ne l’avez jamais vue.
Un air de vacances au sud-est de Paris
Situé à deux pas de la porte Dorée, le bois de Vincennes s’étend sur près de 1 000 hectares — un tiers de Central Park. Mais ce géant vert cache, en son centre, un joyau rafraîchissant : le lac Daumesnil, plan d’eau de 12 hectares surplombé d’un joli pont suspendu et parsemé de petites îles, dont l’île de Reuilly, accessible en barque uniquement.
La location de barques en bois y est une tradition vieille de plusieurs décennies, et débute chaque année avec l’arrivée du printemps. C’est une escapade tout en douceur que les Parisiens redécouvrent souvent par hasard… avant d’y revenir. Car entre deux trajets de métro et une marée de notifications, glisser sur l’eau devient un vrai luxe.
Romantique, ludique, dépaysant : pour qui ?
Que vous soyez en couple, en famille, entre amis ou même en solo, cette balade s’adresse à tous. Les enfants adorent l’idée d’être de petits marins d’eau douce. Les adultes apprécient le calme absolu, quasi thérapeutique. Et les photographes y trouvent leur bonheur, entre lumière dorée de fin d’après-midi et architecture Second Empire en arrière-plan.
À deux c’est un moment suspendu, loin des terrasses bondées. À trois ou quatre, une joyeuse aventure navigable (petit conseil : désignez un chef de rame avant de partir, sous peine de tourner en rond pendant 20 minutes).
Comment ça marche ? Infos pratiques
Rien de plus simple. La location se fait directement au bord du lac, juste à côté du kiosque à musique, sur l’allée qui longe l’eau. Pas besoin de réserver, sauf peut-être les week-ends ensoleillés où l’attente peut dépasser 30 minutes. On vous remet des rames, quelques consignes de base (pas de baignade, pas de tamponnage entre barques) et vous voilà capitaine.
- Horaires : tous les jours d’avril à octobre, de 10h à 18h30 (jusqu’à 20h en été)
- Tarifs : environ 12€ de l’heure pour deux personnes (+2€/personne supplémentaire), règlement en espèces ou carte
- Capacité : jusqu’à 5 personnes par embarcation
- Accessibilité : accessible aux enfants dès 3 ans (gilet de sauvetage fourni), pas recommandé aux personnes à mobilité réduite
À noter : vous pouvez accoster sur l’île de Reuilly, un bel espace arboré idéal pour un pique-nique improvisé. Pas de buvette sur l’eau, mais quelques snacks à proximité du lac avant l’embarquement.
Un spot idéal pour ralentir… et s’émerveiller
À seulement quelques stations de métro de Nation, l’expérience est radicalement dépaysante. Sur l’eau, le temps semble ralentir. Les bruits de la ville s’estompent. Vous croisez quelques cygnes hautsainement indifférents, des canards en conciliabule et, si vous êtes chanceux, une tortue posée sur un tronc flottant.
Loin d’être une simple distraction, c’est une immersion dans un Paris parallèle, celui des grands espaces, des silences, des reflets aquatiques. Le tableau est pictural, presque irréel : un ciel bleu d’Île-de-France, des feuillages qui dansent au vent, et votre barque glissant sans un bruit sous le pont corinthien. Il ne manque que Claude Monet à la rame.
Petite histoire d’un grand classique
Ce plan d’eau n’a rien de naturel : il fait partie des quatre lacs artificiels creusés sous Napoléon III, à l’époque où le bois de Vincennes servait de vitrine verte à la capitale. Les barques, elles, sont apparues dès la fin du XIXe siècle, pour faire comme au Bois de Boulogne, son pendant ouest.
Longtemps réservé à une clientèle bourgeoise venue respirer le bon air, le lac est aujourd’hui un rendez-vous populaire — dans le meilleur sens du terme. Ça bavarde en italien, en roumain, en créole, les rames grincent, les selfies s’enchaînent : c’est Paris, version carte postale vivante.
Quelques astuces pour en profiter au mieux
- Évitez les heures de pointe (14h-16h le week-end) : venez tôt ou en fin de journée pour une lumière plus douce et moins de monde
- N’oubliez pas la crème solaire : sur l’eau, même en avril, ça tape plus fort que prévu
- Apportez un petit tapis et quelques fruits si vous envisagez de vous poser sur une île
- Emmenez un appareil photo ou un carnet : l’endroit inspire. Même les plus allergiques aux rêveries sortent de là apaisés
- Respirez : ce n’est pas une course. Pagayez à votre rythme, et laissez Paris s’estomper
Autres trésors à découvrir dans le bois
Une fois les rames rangées, pourquoi ne pas prolonger cette parenthèse bucolique ? À quelques minutes à pied :
- La Pagode de Vincennes (ancienne exposition coloniale transformée en temple bouddhiste) : dépaysement garanti
- Le parc zoologique de Paris : pour une sortie en famille, entre girafes et lamantins
- L’hippodrome de Vincennes : si vous aimez les courses au trot dans un cadre verdoyant
- Le parc floral : pour flâner parmi plus de 3 000 espèces végétales, entre concerts et animations gratuites l’été
Le bois de Vincennes n’est pas simplement un parc. C’est un morceau d’histoire, un laboratoire du vivant et une bulle de calme dans l’est parisien. À redécouvrir loin des clichés.
Un héritage vivant pour les Parisiens
Dans une ville à 100 à l’heure, où chaque minute est comptée, rares sont les activités qui vous obligent à ralentir sans culpabilité. Monter dans une barque au bois de Vincennes, c’est aussi cela : s’autoriser une respiration, une forme de « slow city » à portée de Navigo.
Et si la ville reste tout autour, elle semble, le temps d’une heure sur l’eau, très loin. Le clapotis remplace les klaxons, les mouvements sont dictés par vos bras, et non un algorithme. Bref, c’est simple, c’est beau, et ça fait du bien.
Alors, cette saison, refaites connaissance avec le bois de Vincennes. Laissez votre téléphone au fond du sac, prenez une rame… et voguez vers un Paris plus tendre.