À la découverte des brasseries parisiennes historiques à ne pas manquer

À la découverte des brasseries parisiennes historiques à ne pas manquer

Les brasseries parisiennes : mémoire vivante et plaisirs culinaires

Les brasseries parisiennes ne sont pas de simples restaurants : ce sont des capsules temporelles. Elles racontent l’histoire de la capitale à travers leurs miroirs biseautés, leurs banquettes en moleskine rouge, leurs serveurs en tablier noir… et leurs cartes intemporelles. Bien plus qu’un repas, c’est une ambiance que l’on vient chercher, un art de vivre à la parisienne – entre zincs, murmures feutrés et odeurs persistantes de café serré ou de sole meunière.

À l’ère des coffee shops aseptisés et des concepts branchés à durée de vie limitée, les brasseries historiques résistent. Elles ne sont pas figées dans le passé, elles le font vivre. Tour d’horizon de ces institutions parisiennes où le temps s’arrête… pour le meilleur.

La Coupole : Montparnasse dans toute sa splendeur

Nous sommes en 1927. Montparnasse est le centre du monde artistique. Picasso, Kiki, Man Ray, Cocteau : tout le gratin y refait le monde. Dans ce décor effervescent, La Coupole ouvre ses portes. Immédiatement, elle devient une scène à elle seule.

Son plafond Art déco, signé du collectif d’artistes de l’époque, est classé monument historique. Et même si elle a été rénovée plusieurs fois, l’âme du lieu est intacte. Aux beaux jours, la terrasse est prise d’assaut. L’hiver, c’est sous la rotonde que l’on savoure un curry d’agneau — plat phare depuis 1927 — servi par des serveurs qui n’ont clairement pas besoin de GPS pour circuler entre les tables.

Infos pratiques : 102, boulevard du Montparnasse, 14e – Métro Vavin – Ouvert tous les jours de 8h à minuit

Chartier : l’esprit canaille au cœur du 9e

Chez Bouillon Chartier, il y a toujours du monde. Des touristes en goguette, des Parisiens nostalgiques, des familles, des amoureux du vieux Paris. L’attente en vaut la chandelle : on ressort avec une anecdote à raconter.

Créé en 1896, le restaurant n’a presque pas changé. Plafonds vertigineux, colonnes en bois sculptées, servants moustachus et addition griffonnée à la main sur la nappe. Ici, la simplicité règne : œuf mayo, poireaux vinaigrette, entrecôte-frites, baba au rhum dans la pure tradition des bouillons. Les prix sont imbattables, l’authenticité aussi.

Infos pratiques : 7, rue du Faubourg Montmartre, 9e – Métro Grands Boulevards – Sans réservation, tous les jours de 11h30 à minuit

Brasserie Lipp : la politique et le choucroute

Nul ne peut évoquer Saint-Germain sans parler de Lipp. Depuis 1880, la brasserie est le théâtre discret de joutes politiques, de rendez-vous littéraires — et de très sérieuses dégustations de choucroute.

Fréquentée par Malraux, Camus, Mitterrand ou encore Le Clézio, elle garde une élégance sans ostentation. Uniformes impeccables, boiseries, mosaïques et service à l’ancienne. On s’installe, on choisit sans surprise la choucroute garnie ou un hareng pommes à l’huile, et on profite du ballet silencieux des habitués.

Infos pratiques : 151, boulevard Saint-Germain, 6e – Métro Saint-Germain-des-Prés – Tous les jours jusqu’à 1h du matin

Le Train Bleu : dîner grand siècle en gare de Lyon

On l’oublie trop souvent. Niché au premier étage de la gare de Lyon, Le Train Bleu est un chef-d’œuvre. Commandé pour l’Exposition Universelle de 1900, il est aujourd’hui classé Monument historique. Fresques, dorures, lustres à pampilles… chaque salle porte le nom d’une ville française et offre une parenthèse spectaculaire avant un départ en train — ou sans prétexte particulier.

Service en gants blancs, menu inspiré de la tradition française (côte de veau, foie gras, baba au rhum flambé devant vous), et un charme rétro qui séduit tous les âges. On y vient pour célébrer… ou simplement pour être ailleurs, le temps d’un déjeuner.

Infos pratiques : Place Louis-Armand, 12e – À l’intérieur de la Gare de Lyon – Réservation conseillée

Bofinger : la brasserie alsacienne de la République

Si l’envie d’Alsace vous pique, pas besoin de prendre la route : Bofinger est l’adresse idéale. Fondée en 1864 dans le Marais, cette brasserie est réputée pour ses fruits de mer, son service exemplaire… et sa choucroute impériale.

À l’intérieur, une verrière spectaculaire inonde la salle de lumière. C’est là que François Mitterrand avait ses habitudes. Les huitres y sont fraîches, les plateaux de fruits de mer abondants, et le décor à la hauteur de sa réputation — nappes blanches, argenterie, murs boisés et ambiance feutrée.

Infos pratiques : 5-7, rue de la Bastille, 4e – Métro Bastille – Tous les jours, jusqu’à 23h

Julien : Art Nouveau sous cloche

L’un des secrets les mieux préservés du faubourg Saint-Denis. Ouverte en 1903, la brasserie Julien oscille entre élégance Art Nouveau et poésie de quartier. Les vitraux signés Louis Majorelle, les miroirs ovales et les fresques florales ont vu défiler chanteurs réalistes, journalistes, et voisins du coin.

La cuisine assume fièrement son héritage français : vol-au-vent, foie gras maison, tartare. Le service est attentionné sans être guindé. Et la salle, purement grand siècle, mérite à elle seule la visite. Petit plus : la brasserie appartient au groupe Bouillon, ce qui rend l’addition étonnamment douce pour l’endroit.

Infos pratiques : 16, rue du Faubourg Saint-Denis, 10e – Métro Strasbourg-Saint-Denis – Ouvert tous les jours sauf lundi

Chez Georges : façon guinguette chic des Tuileries

Plus discret, Chez Georges cultive un charme rétro irrésistible. Depuis 1926, cette brasserie de la rue du Mail (2e) attire ceux qui fuient le tape-à-l’œil. Petite salle à l’éclairage tamisé, service impeccable et plats classiques dans leur plus belle expression : langue de veau sauce gribiche, foie de veau rosé, île flottante généreuse.

Ici, chaque bouchée a le goût d’un déjeuner de famille dominical, mais avec l’élégance d’un dîner raffiné. On ne vient pas Chez Georges pour être époustouflé : on y vient pour s’offrir une parenthèse hors du temps.

Infos pratiques : 1, rue du Mail, 2e – Métro Bourse – Du lundi au samedi, midi et soir

Envie d’une escapade gourmande en plein Paris ?

L’avantage avec les brasseries parisiennes historiques, c’est qu’elles remplissent toutes les cases : un décor photogénique, une cuisine généreuse, un service souvent théâtral mais toujours efficace, et un supplément d’âme. Ce sont des lieux vivants, habités, où il ne s’agit pas seulement de bien manger, mais de se reconnecter à une certaine idée de Paris.

Avant une expo, après un spectacle, entre deux visites guidées… prenez le temps de choisir une brasserie historique. Parce qu’un café en terrasse chez Lipp ou un plat du jour à Chartier, c’est aussi ça, l’art de vivre à la parisienne.

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