Nouvelle carte estivale chez un chef étoilé rive gauche

Nouvelle carte estivale chez un chef étoilé rive gauche

Un souffle d’été étoilé sur la rive gauche

L’été s’installe à Paris et avec lui, son lot de cartes renouvelées. Cette saison, c’est du côté de la rive gauche que les papilles curieuses ont rendez-vous : le chef étoilé David Toutain dévoile sa nouvelle carte estivale au restaurant Table, niché dans le discret mais élégant 7e arrondissement. Même adresse, même exigence, mais une partition différente – légère, végétale, épurée. Autrement dit : parfaite pour survivre à la moiteur parisienne avec distinction.

David Toutain, l’instinct dans l’assiette

On ne présente plus David Toutain. Formé chez Passard, adulé pour la finesse de ses alliances terre-mer et son goût prononcé pour les textures, le chef s’est forgé une place à part dans le paysage gastronomique parisien. À sa table, chaque assiette épouse une saison, chaque bouche est un point d’exclamation culinaire. Pas d’esbroufe ici – juste une cuisine d’auteur, organique, qui raconte sans bavarder.

Sa nouvelle carte estivale, dévoilée début juin, s’éloigne sciemment du spectaculaire pour mieux s’attarder sur l’essentiel : le produit. Tomates anciennes sublimées par une vinaigrette aux fleurs, céleri croquant au lait infusé d’herbes, turbots nacrés escortés d’un bouillon à la mélisse… Une cuisine à fleur de potager, sans tomber dans le cliché du « tout cru, tout vert ».

Le lieu : sobriété élégante à deux pas des Invalides

Située rue Surcouf, non loin du Musée Rodin, l’adresse se fond dans le quartier comme un murmure. Grandes baies vitrées, lumière tamisée, mobilier en chêne blond – l’intérieur joue la carte de la quiétude. Ici, pas de playlist prétentieuse ni de service compassé : l’atmosphère est feutrée mais jamais guindée. On chuchote, on se regarde, on savoure.

Quelques tables seulement, volontairement espacées. L’idée ? Offrir une bulle de calme au cœur de l’agitation parisienne. Et un espace suffisant pour que les assiettes puissent s’exprimer sans fioritures.

Une carte estivale taillée pour séduire le palais… et les curieux

Sous ses airs minimalistes, la carte recèle des pépites inattendues. David Toutain ne renonce ni à la technicité ni à la surprise. Parmi les plats phares actuellement à la carte :

  • Carottes nouvelles et émulsion café : une alliance qui pourrait sembler audacieuse sur le papier, mais dont la justesse en bouche désarme. Amertume maîtrisée, douceur sucrée – le match parfait.
  • Langouste rôtie et hibiscus : une assiette en clair-obscur, à la fois vive et délicate. L’hibiscus apporte une acidité florale qui réveille les chairs.
  • Fraises mara des bois et crème fumée : clin d’œil malin à l’enfance, revu avec le sophistication d’un chef étoilé. Le fumé ? Presque imperceptible, mais il change tout.

Toutain compose ici une symphonie d’été en dix temps. Le menu dégustation – unique format proposé – peut s’accompagner d’un accord mets-vins pointu ou d’un pairing sans alcool, à base d’infusions glacées et de macérations maison. Une alternative bienvenue pour ceux qui préfèrent les volutes aromatiques à l’ivresse tannique.

Service millimétré, sans maniérisme

À la différence de certaines maisons étoilées qui confondent savoir-faire et théâtralité, ici le service est précis mais discret. On vous explique chaque plat sans réciter une partition préfabriquée. La sommelière, particulièrement affûtée, n’hésite pas à sortir des sentiers battus – comme avec ce verre de pineau d’Aunis surprenant en ouverture.

Et si vous aimez comprendre ce que vous mangez, sans pour autant subir un cours magistral, vous êtes à la bonne table. Les cuisiniers eux-mêmes viennent expliquer certains plats – un geste simple, mais qui crée une proximité rare. On sent que tout est fait pour servir le propos : une cuisine qui se donne mais ne s’impose pas.

Pourquoi sauter sur cette carte avant qu’elle ne disparaisse

À l’instar des cerises ou du gazpacho, cette carte estivale est éphémère. Quelques semaines seulement pour goûter cette variation solaire où chaque produit chante la saison. David Toutain, fidèle à son approche instinctive, renouvelle ses assiettes au rythme du marché. Attendez le mois d’août, et certaines stars auront déjà plié bagage.

L’astuce ? Réserver tôt (le site ouvre les réservations avec un mois d’avance) et ne pas hésiter à demander des précisions au moment du choix de menu – certaines options peuvent être adaptées aux régimes végétariens, sans que cela altère la logique du repas.

En pratique : ce qu’il faut savoir

Adresse : Restaurant David Toutain, 29 rue Surcouf, 75007 Paris

Horaires : Ouvert du mardi au samedi. Déjeuner de 12h à 13h30, dîner de 19h30 à 21h30.

Menu dégustation : Environ 170€ (hors boissons). Accord mets-vins ou infusions : +80€.

Réservations : Fortement conseillées via le site officiel. Attention, la file d’attente peut être longue sur certaines dates clés (Fête de la musique, 14 juillet… pensez à viser large).

Y aller : Métro La Tour-Maubourg ou Invalides. À 10 minutes à pied du musée d’Orsay – parfait pour un combo culture+gastronomie.

Pourquoi cette table mérite le détour cet été

Manger chez David Toutain, c’est un peu comme feuilleter un carnet de croquis d’artiste. Tout est épuré, pensé, jamais bavard. Et cette carte estivale signe sans doute l’un des meilleurs moments pour le découvrir – ou redécouvrir – avant que septembre n’appelle d’autres textures, d’autres teintes.

Un déjeuner chez lui, c’est quelques heures de parenthèse sensible à l’écart des rues brûlantes. Une proposition culinaire à la fois érudite et accueillante, idéale pour qui cherche le goût juste plutôt que le buzz. Alors oui, c’est un budget. Mais c’est aussi un souvenir durable, inscrit dans la chair du palais et des saisons.

Et puis, avouons-le : qui refuserait une escapade gastronomique sur la rive gauche, à deux pas du pont Alexandre III, pour voir Paris d’en haut… ou du fond d’une assiette ?