Banana restaurant : une expérience atypique en plein cœur de Paris

Banana restaurant : une expérience atypique en plein cœur de Paris

Un OVNI culinaire dans le paysage parisien

À Paris, il n’est pas rare de trouver des restaurants qui se battent pour l’originalité. Mais Banana réussit l’exploit de sortir du lot sans jamais forcer le trait. Niché au cœur du 2e arrondissement, à deux pas de Sentier, ce lieu hybride tranche avec tout ce qu’on a pu voir récemment dans le paysage gastronomique parisien. Est-ce un bar ? Un restaurant immersif ? Une installation artistique comestible ? Un peu tout ça à la fois.

Banana n’a pas volé son nom. Il en assume chaque déclinaison : esthétique fruitée, chromatique jaune vif, clins d’œil subtils (ou pas) à l’univers pop et tropical. Mais ne vous y trompez pas : derrière cette façade ludique se cache une réelle ambition gastronomique.

Une adresse aussi intrigante que son nom

C’est au 10 rue Mandar, dans cette zone entre tradition artisanale et start-upisés urbains, que Banana a pris racine. Dès l’extérieur, on est saisi par une vitrine colorée, presque enfantine — une invitation à lâcher prise. À l’intérieur, tout casse les codes d’un bistrot parisien classique : néons, vaisselle dépareillée mais choisie avec soin, banquettes en velours jaune canari, et une playlist qui alterne entre groove brésilien et électro minimaliste.

Mais c’est surtout l’approche culinaire qui bouscule. Ici, on ne vient pas pour « prendre un plat » mais pour vivre une expérience multisensorielle. C’est un mot galvaudé, oui, mais chez Banana, il prend tout son sens.

Le menu : un terrain de jeu (très) bien pensé

À la carte, pas de grandes envolées lyriques ni de formules pompeuses. Les intitulés sont directs, souvent décalés : “Crudo banane-gingembre”, “Ravioles jungle verte”, “Canard coco-curry et popcorn”. On sourit, puis on goûte – et là, on arrête de sourire pour ouvrir grand les yeux (et les papilles).

Le chef, Raphaël Da Silva – passé par de belles maisons mais revendiquant aujourd’hui un rejet des carcans gastronomiques – s’amuse avec les textures, les températures, les contrastes aromatiques. Dans son ceviche végétal, un sorbet citron-coriandre côtoie une mousse tiède d’avocat fumé. Le sucré entre dans le salé sans crier gare. Le résultat déconcerte parfois, mais séduit toujours. Surtout parce qu’ici, le jeu ne se fait jamais aux dépens du goût.

Une scénographie étudiée jusqu’à la cuillère

Banana ne se contente pas de titiller le palais. L’expérience est aussi visuelle, tactile, presque théâtrale. Chaque service est accompagné d’un rituel — un petit mot du serveur, un geste inattendu, un accessoire qui change selon la saison. Lors de notre visite, une entrée était servie dans une coque de banane évidée, un clin d’œil à la street food d’Amérique latine. Le dessert? Une bombe au chocolat présentée dans un bol en forme de banane géante qu’on casse à la cuillère, façon piñata gourmande. On s’amuse. On photographie. On partage. Banana l’a bien compris : manger à Paris, en 2024, c’est aussi raconter.

Une carte courte, un engagement long

Derrière l’explosion de créativité, il y a une ligne éthique nette : produits sourcés localement, saisonnalité respectée, viande en option mais pas systématique, et une attention au gaspillage alimentaire. Les peaux de banane servent à faire des chips maison. Le pain rassis devient chapelure pour un topping minute. De petits gestes qui, mis bout à bout, signent une cuisine consciente sans être moralisatrice. Parce que l’écoresponsabilité peut aussi être joyeuse.

Le service : complice, jamais envahissant

Côté salle, le ton est donné dès l’accueil : un personnel jeune, looké mais pro, qui sait parler aussi bien aux foodies lookés qu’aux touristes curieux. Ici, on tutoie sans imposer, on explique sans surjouer. On sent surtout que l’équipe aime être là. Et ça change tout.

Des événements à la carte

Banana, ce n’est pas seulement une adresse à dîner. Une fois par mois, le restaurant bascule en mode “expérience totale”. DJ sets, dîners bleus à la lumière UV, soirées “parfums et épices” en collaboration avec des nez indépendants… Le lieu explore de nouveaux formats avec une vraie exigence artistique.

À noter dans vos agendas :

  • Premier vendredi du mois : soirée “Banana Noire” – un menu à l’aveugle servi dans le noir complet.
  • Dimanche brunch (1 sur 2) : brunch “tropical remix” avec boisson fumée et omelette flambée en salle.
  • Collab annuelle : cet été, Banana s’associera avec le collectif culinaire mexicain Sabores Vivos pour une relecture chilango-parisienne de la cuisine de rue.

Pour qui ?

Avant tout pour celles et ceux qui aiment sortir des sentiers battus. Est-ce que Banana plaira aux puristes du dressage à la française ? Pas sûr. Mais pour les amateurs de surprises maîtrisées, de musique bien choisie et d’assiettes qui racontent une histoire, c’est une pépite.

Ceux qui fuient les lieux trop “Instagrammables” pourraient reculer à l’entrée. Mais qu’ils sachent : si Banana joue avec les codes du visuel, c’est toujours au service d’une intention claire. Pas de poudre aux yeux ici — ou alors du paprika fumé sur un carpaccio d’ananas.

Horaires et infos pratiques

Envie de tenter l’expérience ? Voici ce qu’il faut savoir.

  • Adresse : 10 rue Mandar, 75002 Paris
  • Métro : Sentier (ligne 3) ou Bourse (ligne 3)
  • Horaires : du mardi au samedi de 19h à 23h30 (brunch le dimanche de 11h à 15h – un dimanche sur deux, pensez à réserver!)
  • Réservations : via leur site officiel ou sur Instagram @Banana.Paris
  • Tarifs : formule dîner à partir de 48€, menu découverte 5 temps à 68€, brunch à 32€

Pourquoi on y retourne ?

Parce que chaque passage chez Banana est une nouvelle histoire. Un plat change, un détail évolue, un cocktail éphémère fait son entrée (mention spéciale au “Banana Daiquiri au cava et mélisse”). Le lieu ne se repose jamais. Et dans une ville où la constance peut parfois virer au convenu, ça fait du bien.

Paris regorge d’adresses gourmandes, c’est vrai. Mais rares sont celles qui proposent un moment aussi dense, aussi généreux, aussi vibrant – entre art, fête et fine gastronomie. Banana, c’est plus qu’un resto : c’est un micro-univers. Et croyez-moi, il mérite le détour.

Back To Top